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lundi 19 novembre 2012

Gaston : Interview Sur Rapwolof.com 23.07.2011



GASTON – UN ARTISTE INSPIRÉ ET TRÈS MARQUÉ SPIRITUELLEMENT

Le rappeur Gaston vient de mettre sur le marché son nouvel album. Titré « Touti Wakh Job lou beri », cet opus de vingt et un titres est aussi dense et riche que les autres. Gaston a su se faire un chemin dans le milieu, grâce à son style unique et à la profondeur de ses textes. En effet, la spiritualité occupe une place de choix dans sa musique. En présentant son album à la presse, il s’est longuement prononcé sur de nombreux sujets brûlants de l’heure.


Une occasion que votre journal a saisie, pour essayer de mieux cerner ce personnage à la très forte personnalité. Gaston est aussi un fin observateur de la société et il a le courage d’afficher clairement ses opinions. Pour cette semaine, Le Messager vous permet de mieux faire connaissance avec ce rappeur anticonformiste à plus d’un titre.

Un destin musical très tôt assumé

De son vrai nom Bamar Ndoye, Gaston alias Baye Sen a, dès ses débuts, symbolisé tout ce à quoi la relève du rap au Sénégal pouvait ressembler. Né le 17 Septembre 1977 à Dakar (Sénégal) il fit très tôt la découverte de la musique par le biais de son père qui fut, de son vivant, membre fondateur et chanteur du groupe Rio Orchestra de Fass ; ainsi que de son oncle, percussionniste du même groupe. Parmi les amis de son père, habitués de la maison, figurait aussi un certain Idrissa Diop, aujourd’hui connu pour exceller sur la scène World européenne mais aussi grâce à ses collaborations avec Carlos Santana. C’est donc tout naturellement que la musique s’est introduite dans sa vie. En 1992, à l’âge de 15 ans, il quitte le Sénégal pour s’installer avec sa mère en France, où il fait ses premières rencontres avec le rap, à travers IAM de Marseille. Il s’y intéresse alors, mais sans plus. Il a bien voulu se présenter en usant de termes qui lui sont propres.

« Permettez-moi d’abord de revenir un peu sur mon parcours, dans le but de mieux me faire connaître du public. Gaston est un jeune qui a vu le jour entre Fass Bâtiment et Mbour. J’ai été un membre fondateur du groupe Sen kumpé. Nous avons mis sur pied ce groupe en 1996. C’était en compagne d’un ami du nom de Bourba Djollof qui est décédé récemment et nous prions que Dieu l’accueille en son paradis. Par la suite, nous avions participé à une compilation titrée Ni Rek La, avant de participer à une autre titré Politichien, en 2000. C’est en 2003 que j’ai quitté le groupe pour évoluer en solo. J’ai sorti mon premier album en 2003 et il était titré « Khel Kom La ». J’ai aussi participé à une compilation sortie par les Dakar All Stars en 2005et j’y évoluais aux côtés de Nix, El Hadji Malick Mbaye et Keyti. J’ai sorti mon deuxième album solo en 2007. Il était titré Yeuk Soga Nekh et il a été désigné comme le Meilleur album solo au Hip Hop Awards de cette année-là. C’est donc en ce mois de juin 2011 que j’ai sorti mon dernier album titré Wakh Touti Jeuf lu beuri. C’est un album qui contient 21 titres et je l’ai fait avec de nombreux invités. Il n’est pas question de déflorer l’album, mais j’ai eu à reprendre des titres de l’artiste El Hadji Ndiaye et de Souleymane Faye ».

Un retour gagnant au Sénégal
Il aura fallu son retour au Sénégal, deux ans plus tard ; et la sortie des premiers albums de rap comme ceux du Positive Black Soul, Daara J ou Pee Froiss, pour qu’il s’y mette en créant le groupe Sen Kumpeu avec Bourba Djoloff qui, lui aussi, venait de débuter. Implanté au cœur de la Médina qui fut le premier quartier populaire à l’époque coloniale, Sen Kumpeu avec Rapadio (qui était du même quartier) s’est très tôt singularisé dans le rap de l’époque, du fait surtout d’une étiquette hard core, avec des textes bien construits et une forte imprégnation des réalités sociales et des difficultés de la jeunesse sénégalaise, face à un régime socialiste dont elle était loin d’être satisfaite. C’est ainsi qu’en 1999 déjà, ils participaient à la compilation D-Kill Rap initiée par Fitna Produktions, avec le titre Nirékeula (Cela se passe comme ça) qui finit de les installer définitivement dans le paysage rap sénégalais. En 2000, même label, autre compilation, Sen Kumpeu revient avec Lu Deuk bi Laac (Que demande le peuple) dans Politichien (pour suggérer politicien). Cette compilation purement axée sur la politique au Sénégal et qui est sortie juste après les élections, fit couler beaucoup d’encre et de salive et est toujours citée comme référence de l’engagement dont font preuve les rappeurs du pays. En 2001, ils furent lauréats des Hip_Hop Awards dans la catégorie « Révélation ». Malheureusement pour tous ceux qui attendaient l’album du groupe, la séparation intervient en 2003. C’est finalement cette même année que Gaston sort son premier album solo, intitulé Khél Komla (L’intelligence est une richesse). Composé de huit titres, c’est un album qui a surpris par son ancrage et sa perspicacité à décortiquer la réalité sénégalaise, avec des thèmes aussi divers que les errements du système judiciaire, la condition de la femme, le désœuvrement de la jeunesse ou encore les relations hommes – femmes dénaturées par la quête effrénée de l’argent et du sexe. Cet album fut considéré comme l’un des premiers à « parler » aux Sénégalais, non seulement dans les thèmes mais aussi dans le langage et les expressions utilisées pour décrire un vécu quotidien commun. Il fut nominé aux Hip-Hop Awards de cette année. En 2004, Gaston retrouve Nix et Keyti avec qui il avait été en compétition pour le meilleur album solo de 2003 ; ainsi qu’un chanteur, Ass Malick, pour travailler sur un album international intitulé Dakar All Stars. La sortie de cette œuvre fut un succès et finit de rassurer sur le talent de Gaston, ainsi que sur sa capacité à peindre des tranches de vie et à rendre des émotions qui donnent à sa musique tout son réalisme et sa dimension humaine. Yeuk sogua nekk, c’est le second album de Gaston. Un album qui invite ‘’à une introspection générale afin de faire du monde un lieu de paix, de justice, de solidarité et d’amour’’. Une invite justifiée par un constat : ‘’Les hommes ne font pas assez de quête de connaissance d’eux-mêmes et du divin’’. C’est pourquoi, croit savoir l’artiste, le monde est ‘’dans un état de crise morale, spirituelle, sociale’’.

Un fin observateur de la société
Gaston use de mots pour s’attaquer aux maux de la société. Il a bien expliqué la philosophie qui est à la base de ce choix souvent mal compris. En effet, Gaston fait partie des rappeurs les plus attaqués par ses pairs, mais cela ne semble pas l’ébranler outre mesure.
« Comme d’habitude, je parle des faits de société, de mon vécu de tous les jours et de la spiritualité. Je reviens aussi pour montrer à tout le monde que Gaston est toujours présent. C’est le gars qui a côtoyé le Pee Frois, le Rapadio et Awadi… C’est pour dire que je suis toujours au sommet de mon art. Une manière de dire que je ne suis pas un nouveau venu dans le milieu, car il y a des Old school, New school et des Old new school comme aimait à le dire feu Bourba Djollof. Nul ne peut faire l’unanimité et je vis intensément mon art. Profondément, je suis contre ces divergences que l’on veut créer au niveau du mouvement. Il est souvent question de styles et j’en ai parlé dans un de mes titres. Il n’existe qu’un seul Rap et il ne faut pas semer la zizanie. Je suis conscient du fait que tout le monde a son public et il ne sert à rien de se créer des problèmes. Il est vrai que je me suis longtemps emmuré dans mon silence depuis 2004. Cela doit servir de leçon. Pendant sept ans, j’ai tout entendu et j’ai été traité de tous les noms. Mais j’ai pris tout cela avec hauteur et je me suis retenu pendant tout ce temps pour ne pas répondre. Dès que j’ai sorti « Allah Athiou », tout le monde s’est tu. Je me sers de mon art pour livrer mon message et cela a toujours réussi. Je dis dans une de mes chansons que les chiens aboient, la caravane passe. Chacun est libre d’exprimer ses sensations dans le domaine de l’art. Je prends l’exemple de Piccaso, qui a vu ses tableaux commentés de toutes les manières.
Je l’ai dit tantôt en parlant de mon vécu. Dans ce dernier album, le titre « Woutil Carte Electeur » fait partie des sons que je préfère, car le pays traverse une vraie crise. Il faut que nous prenions nos irresponsabilités. A ce sujet, je rappellerai tout simplement qu’Ablaye Wade n’a pas forcé les portes du palais, il a été élu à l’aide d’une carte d’électeur. Il faut tout simplement attendre la fin de son mandat pour réélire un président. Pour ce faire, la meilleure arme reste la carte d’électeur. Il ne sert à rien de brûler ce pays. Nous sommes des leaders d’opinion et nous devons livrer des messages responsables.
Comme l’indique le titre de l’album, il faut poser des actions comme Cheikh Bamba Dièye et éviter d’inciter les gens à l’insurrection. Je ne demanderai à personne de descendre dans la rue.
Je conseille à mes fans de se munir de leurs cartes d’électeurs et de choisir le président de leur choix. Il n’est jamais facile de percer dans ce milieu. Je profite de l’occasion pour remercier Awadi (il a été le premier à me faire figurer dans un album) ; ainsi que les gars du Rapadio qui m’ont assisté. Awadi est bien le premier à m’avoir invité sur un clip », a encore révélé notre interlocuteur.

Un album au contenu riche et varié
Gaston s’est aussi exprimé sur le contenu de l’album. Il a également abordé la situation actuelle du pays, tout en invitant à la retenue et au calme.
« L’album content une surprise, car même si 20 titres sont mentionnés sur la jaquette, il contient réellement 21 titres. C’est un choix car la pratique est très courante aux USA et je suis le premier à l’expérimenter ici. Tout cela pour vous dire que j’aime innover et relever des défis, car rien n’est acquis dans cette vie. Comme je le dis souvent, la liberté d’un individu se limite là où commence celle de son prochain. Tout le monde a le droit de choisir sa voie. Je ne m’adresse pas à Daddy Bibson qui a bien le droit de faire son rap comme il l’entend. Il faut retenir que c’est Daddy Bibson qui m’a appris à compter les mesures de rap.
Je ne fais pas partie du mouvement ‘’Y en a marre’’ parce que je ne suis pas informé des réelles motivations de ce mouvement. Je ne connais rien de ce mouvement et je m’en limite là. S’ils sont là pour le peuple uniquement, je prie pour qu’ils réussissent ; mais encore une fois, je ne suis pas membre de ‘’Y’en a marre’’ car je n’y connais rien. Encore une fois cela ne veut pas dire que nous ne poursuivons pas le même combat. Je veux dire que ce pays est malade et c’est tout son corps qui est malade. Donc, l’heure n’est pas aux palabres. Dans ce pays, les gens passent tout leur temps à parler. C’est valable au niveau politique, religieux et sportif, avec la lutte. J’invite mes compatriotes à agir un peu plus et à parler moins. Toute la vie se résume aux deux mots de Cheikh Ibra Fall « Djeuf Dieul » c’est à dire Agir et Recevoir. On ne récolte rien en passant tout son temps à parler. C’est une invite à privilégier l’action au détriment de la parole. La parole est comme un boomerang et revient toujours sur sa lancée. Je dirais que ce pays a perdu ses repères. Les gens sont en train de tâtonner. Je dirais que quelles que soient les difficultés, ce n’est pas Abdoulaye Wade ou les politiciens qui détiennent les solutions. Nous sommes responsables de nos destins. Actuellement, notre pays est sans repère, avec des pratiques comme les mariages gays et la pédophilie. Il faut donc rebrousser chemin pour ne pas se perdre. Il faut recourir à Dieu et méditer sur le terme « La Hilaha Illah Lah » qui signifie que Dieu est au début et à la fin de toute chose. Si on met en avant cette vérité, on saura que Dieu est à la base de tout. J’ai donc choisi cette voie et cela transparaît dans toutes mes actions. Je le vis intensément et cela ressort bien sûr dans tous mes albums. Ce côté spirituel m’accompagne dans mes actes de tous les jours. C’est par simple curiosité que je suis venu à la composition. Au début, je me contentais d’écrire des chansons. Par la suite j’ai pu disposer de mon studio et cela a été le déclic. J’ai bénéficié de l’apport inestimable d’Ama Diop et des autres. Je suis devenu, par la force des choses, un compositeur ; et cela se ressent dans cet album où j’ai réalisé onze des 21 titres. Tout cela pour dire encore une fois que seul le travail paye », a conclu l’artiste, qui va bientôt enchaîner par une tournée de promotion en Mauritanie. Avec cet opus, Gaston confirme qu’il fait bien partie des piliers du mouvement Hip Hip au Sénégal.

M F LO
Samedi 9 Juillet 2011
© lemessagersn.info

Source : rapwolof.com

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